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8 septembre 2012 6 08 /09 /septembre /2012 16:23

Relevé sur le site slateafrique.com :

Congo: Brazzaville, champs de ruines

Les explosions provenant du dépôt d’armement du régiment blindé des Forces Armées Congolaises ont rasé des centaines d’habitations à Brazzaville. Le bilan provisoire fait état de plus de 200 morts et de milliers de blessés.

Le quartier de Mpila rasé par le souffle de l’explosion, Brazzaville, 5 mars. ©Erwan Morand

L'AUTEUR

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armes  Brazzaville  dépôt  explosion morts 

Entre 8h et 11h le 4 mars, cinq principales explosions ont retenti à Brazzaville et jusqu’à Kinshasa (RDC), les deux capitales les plus proches au monde. La première explosion a sonné tel un coup de semonce avant la deuxième, d’une telle force qu’elle a rasé des pans entiers de maisons sur un rayon d’au moins 500 mètres.

Selon plusieurs témoignages, les habitants sortis de leurs maisons après la première déflagration ont été plaqués contre le sol ou propulsés de plusieurs mètres. La force de l’onde de choc, propagée par le fleuve Congo, a fait vibrer les bâtiments jusqu’à Kinshasa.

L’absence d’information dans les premières heures qui ont suivi le désastre a fait ressurgir le traumatisme de la décennie de guerres (1993-2002) qu’a vécu le Congo. Les fabulations se sont rapidement propagées, déclenchant l’hystérie dans l’ensemble de la ville. Les réactions de peur ont provoqué de nombreux accidents de la route et des mouvements de foules, blessant les personnes brusquement prises de panique.

Désolation totale au cœur de la zone touchée, 5 mars. ©Erwan Morand

Un tas de ruines

L’impact des explosions est désastreux. L’ensemble du quartier Mpila et les zones alentours sont ravagés. Le gouvernement congolais a établi un dernier bilan officiel de près de 200 morts. Le nombre de blessés s’élèvent lui provisoirement à 1500 (source diplomatique européenne).

Vue panoramique du quartier de Mpila situé entre le régiment blindé et le fleuve Congo, rasé par le souffle de l’explosion du principal dépôt d’armement de Brazzaville, 5 mars. ©Erwan Morand

Dans la panique qui a suivi l’explosion de nombreuses familles ont été déchirées. Un enfant qui a perdu ses parents témoigne:

«J’ai vu mon père déchiqueté par un obus, ma mère morte écrasée par un mur. Alors que ma maison menaçait de s’écrouler je suis parti sans pouvoir venir en aide à mon frère et ma sœur restés dans la maison.»

Certaines personnes ont été mutilées ou amputées par les projectiles des obus. Alors qu’environ 3 000 Brazzavillois déplacés dans des zones sécurisées sont actuellement sans abris, de nombreuses familles sont toujours à la recherche de leurs proches.

Malgré cette situation chaotique, la présence de services étatiques était, quelques heures après la dernière déflagration encore quasiment inexistante: pas de service de soins, pas de services de sécurité pour éviter les pillages. Même si la recherche des survivants s’est organisée une dizaine d’heures après le drame, de nombreux habitants préfèrent s’aventurer eux-mêmes dans la zone sinistrée afin d’effectuer les fouilles des décombres, et cela malgré les risques d’explosions persistants.

Autour du lycée de la Révolution, trois heures après la dernière déflagration, Brazzaville, 4 mars. ©Erwan Morand

Alors que l’Hôpital de Talangaï (un des mieux équipés de la ville) a été soufflé par l’explosion, les Hôpitaux de Makélékélé, le CHU et l’Hôpital Militaire sont débordés par l’afflux de blessés. Leurs plateaux techniques ne permettent pas de répondre à une telle demande. Cependant, les premiers services de soins mobiles ont été apportés par la communauté internationale qui a mobilisé des professionnels de la santé du Maroc, de France et de la République Démocratique du Congo (RDC), arrivés 48 heures après le drame. Ces équipes mobiles sont appuyées par une logistique importante: plusieurs tonnes de médicaments et de matériel médical.

Vers une catastrophe humanitaire?

Dans la journée du 6 mars, une fumée s’élevait toujours du dépôt d’armement et des explosions continuaient à se faire entendre. Une rumeur fait toujours état d’un risque d’explosion d’un autre dépôt, potentiellement encore plus dangereux. Mais un autre danger immédiat est le risque d’épidémies que pourrait provoquer une pluie, si fréquente en cette saison. Les secours doivent à tout prix dégager les corps des débris pour limiter le risque sanitaire.

Quelques obus ayant provoqué la série d’explosions qui ont secoué Brazzaville, 4 mars. ©Erwan Morand

Une enquête a été demandée par la Présidence de la République. Mais différentes versions expliquent l’origine de l’incendie qui a provoqué ces explosions. Celle officielle évoque un court-circuit alors que la rumeur la plus importante parle d’un incendie provoqué accidentellement par des nouvelles recrues militaires. Si les effets de la chaleur rendent dangereux le stockage d’explosifs, il est étonnant de constater qu’un court-circuit puisse provoquer de tels dégâts malgré la rigueur des normes de sécurité établies dans une caserne militaire de ce type (isolation des réserves d’armes qui doivent être bétonnées, ventilation des pièces).

Des slogans politiques qui sonnent faux, Brazzaville, 4 mars. ©Erwan Morand

Cet événement met en lumière un des nombreux disfonctionnements organisationnels d’un pays aussi militarisé que le Congo-Brazzaville. Pourquoi persister à installer des dépôts d’armement en pleine ville alors même que le pays a subi à plusieurs reprises ce même type d’explosion entre 1997 et 2001 à Pointe-Noire ou encore à Brazzaville entre 1996 et 2009?

La légèreté ou l’inefficience des normes de sécurité pour une structure de cette dangerosité semble largement en cause. En effet, la même explosion aurait pu retentir un jour ouvrable. Les 3000 enfants inscrits au lycée situé en face de la caserne aurait alors à coup sûr péri dans l’explosion.

Erwan Morand, doctorant géographe, à Brazzaville

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